11e jour >> 1er décembre 2009
Ce soir il n'y a pas de service Internet à Nebaj, alors je rédige des notes manuscrites. Aujourd'hui mardi, c'est une journée qui s'annonçait sans histoire... Je prends vers 8h30 le microbus collectivo avec un guide local ixil, Jacinto et on part pour Chajul. C'est le dernier village au bout de la route, à 1 heure d'ici. Là-bas, c'est le dépaysement total. Chajul est un petit village vraiment très authentique.
Les femmes et jeunes filles sont toutes vêtues de leur costume traditionnel avec « cinta » sur la tête.
Les hommes portent pour la plupart leur chapeau a ruban brun, même ce travailleur municipal.
Dans ce village besogneux, il règne une grande pauvreté. Les enfants portent des charges bien trop lourdes pour eux.
Les cochons sont attachés près des maisons, les poules vont et viennent dans les habitations. Tout est en terre battue et plusieurs maisons sont très rudimentaires.
Le guide qui m'accompagnait était mieux cette fois. On a beaucoup parlé de ce village qui a énormément souffert de la violence des militaires durant le conflit armé, qui a duré plus de 30 ans, où maisons, récoltes ont été incendiées et des centaines de personnes ont été assassinées. Les gens ont encore une grande rancœur de ces événements qui se sont terminés en 1996 où rien n'est encore vraiment réglé, sauf une liberté d'expression qui n'existait pas.
À un moment donné, je me suis acheté des bananes, j'ai commencé à les manger et un petit garçon m'en a demandé. Je lui en donne une et il se cache sous la table pour la manger afin que les autres ne le voient pas. Les enfants souffrent de la faim, c'est évident et triste à voir.
Mais le punch de la journée c'est un événement extraordinaire qui est survenu, à un moment donné, quand une femme apostrophe le guide et lui parle de me vendre quelque chose qu'elle a trouvé sur son lopin de terre. Imaginez-vous que cette femme a trouvé en labourant une statuette maya, originale, datant de plus d'un millénaire, représentant un dieu maya tenant un épi de mais. C'est une statuette d'environ 40 centimètres de hauteur, intacte. Elle voulait me la vendre avec un instrument de musique, un genre de flute aussi trouvée en labourant, mais cassée en deux. Elle me demandait 850Q pour le tout... Je lui ai dit que je ne pouvais prendre ces objets, que ce sont des éléments de la culture maya, qui doivent rester ici dans le pays et aller dans un musée. Elle a donc parlé avec le guide en « idioma ixil » ; je ne comprenais pas ce qu'ils disaient, bien entendu. Espérons qu'ils vont arranger les choses pour que cette dame ait un juste prix pour sa trouvaille. Je l'ai photographié, la statue, la dame et sa maison. C'était vraiment des conditions de vie très primaires et un moment émouvant.
Le soir à El Descanso, j'ai rencontré un jeune québécois, Jonathan, qui est ici à Nebaj pour une semaine. Il vit dans une famille tout en apprenant l'espagnol. C'est très populaire ici les cours d'espagnol.
Cet après-midi, j'ai téléphoné à la Caisse populaire et leur ai dit que leur système de carte de débit était pourri. Je devrai donc aller exclusivement al Banco industrial.
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